Une estampe est une image multipliable à l'identique à partir d'un évènement d'impression ou matrice, tel qu'une planche de bois ou une plaque de métal gravée, qui, encrée, transfère lors de son passage sous une presse, sa charge d'encre sur une feuille de papier ou tout autre support offrant la même souplesse.

Un peu d'histoire

L'histoire de l'estampe est intimement liée à celle du livre. Avec les premiers incunables (vers 1440) apparaît le besoin de remplacer l'illustration du copiste par un procédé graphique qui permette la reproduction de l'illustration à plusieurs exemplaires.

Le premier livre français illustré en impression paraît en 1478. Il s'agit de l'oeuvre d'un éditeur Lyonnais, Martin Husz, "Le miroir de la rédemption de l'humain lignage". Ce livre est illustré de bois gravés.

 

Cette technique était cependant connue depuis des siècles : les Coréens utilisaient la gravure sur bois de fil pour leurs estampes depuis la moitié du VIIIème siècle. La France possède la plus ancienne matrice européenne connue, datée de la seconde moitié du XIVème, elle porte le nom de "bois de Protat" du nom de son inventeur. Au cours des siècles, l'estampe devient un moyen d'expression artistique qui mélange et diversifie ses techniques.

Ce sont les moyens utilisés pour travailler les matrices qui peuvent être en bois, en métal, en pierre, en lino ou encore en soie.

Les 3 procédés d’impression

On distingue 3 grands procédés d'impression :

En relief

  • gravure sur bois
  • linogravure

En creux

  • en taille directe : burin, pointe sèche, manière noire, manière crayon
  • en taille indirecte à l’acide : eau-forte, vernis mou, aquatinte

A plat

  • pochoir
  • lithographie
  • sérigraphie

L'impression en RELIEF

L’encre est déposée sur le relief de la matrice, le blanc du dessin correspond aux “tailles d’épargne” ( le graveur “épargne” le dessin ).

la gravure sur bois

le bois de fil : lespremiers bois utilisés pour la gravure sont débités dans le fil, d’où leur nom, bois de fil.
Cette technique qui apparaît vers 1370 est très utilisée du milieu du XVème jusqu’à la fin du XVIème.
Les artistes qui travaillent sur bois sont appelés xylographes. Ils utilisent un bois dur et dense, souvent un bois fruitier, sur lequel est transféré un dessin. La taille est exécutée à l’aide de canifs, de gouges ou de ciseaux à bois. L’inconvénient de cette méthode est que la fibre s’éclatant facilement, il est difficile de définir des informations graphiques très précises. C’est pourquoi à la fin du XVIème le recours à la gravure sur bois va se restreindre pour laisser place aux techniques de taille douce.

Le bois de bout : au début du XVIIIème, les Anglais innovent dans la gravure sur bois en utilisant le bois non plus dans le sens du fil mais à contre fil. Les bois les plus durs sont privilégiés ( buis, hêtre ). La gravure sur bois de bout taillée au burin permet l’exécution de dessins d’une beaucoup plus grande finesse.

la linogravure

Cette technique apparue au milieu du XIX ème utilise le linoléum comme support de base. Le procédé est le même que pour le bois : ce qui doit rester en blanc est creusé et les parties à encrer forment un relief . Le linoléum offre l’avantage d’être peu coûteux et d’être aussi plus souple et donc plus facile à tailler que le bois.

L'impression en CREUX

L’impression en creux ( l’encre vient se déposer dans la profondeur des tailles ) est aussi appelée taille douce. Le dessin est gravé sur une plaque de métal, soit en taille directe, soit en taille indirecte.

En taille directe :

Le dessin est gravé directement sur la plaque de métal à l’aide d’un outil ( burin, pointe-sèche, berceau, roulette.
Les principales techniques sont :

Le burin

C’est une tige d’acier montée sur un manche en bois et affûtée en biseau. Il permet l’incision plus ou moins profonde de la plaque. Une impression profonde donne un noir dense, une éraflure donne un noir moins soutenu.
Né dans les ateliers des orfèvres au XVème siècle, le burin devient dès la fin du XVIème la technique par excellence des graveurs professionnels.

 

La pointe -sèche

L’outil qui donne son nom à cette technique est une pointe d’acier aiguisée. Elle raye le métal de façon irrégulière en laissant sur les bords du trait des barbes de métal qui retiennent l’encre et donnent un aspect velouté à l’impression.
Dürer en 1512 et Rembrandt dans les année 1650 figurent parmi les artistes ayant utilisé ce procédé. Mais la finesse du trait ne permet que de faibles tirages ce qui explique que ce procédé restera très peu utilisé par la suite.
Il réapparaît toutefois au milieu du XIX ème grâce à l’invention de l’aciérage ( procédé qui permet de durcir le cuivre gravé )

La manière noire

La plaque de métal est rayée sur toute sa surface avec différents outils, le berceau, le grattoir, puis polie au brunissoir pour obtenir des blancs. Le résultat imprimé donne un contraste de clair obscur et un aspect velouté et poudreux.
On doit à Ludwig Von Siegen l’invention de ce procédé en 1642 à Amsterdam mais c’est en Angleterre au début du XVIIIème que la méthode se développera.

La manière crayon

Comme son nom l’indique, le but de cette technique est de reproduire les effets d’un dessin au crayon. On utilise des outils spécifiques : roulettes, molettes ou matoirs.
L’inventeur de la manière crayon est le Français Jean Charles François en 1740 mais la technique sera surtout connue grâce au Liégeois Gilles Demarteau et à ses nombreuses suites d’estampes d’après les oeuvres du peintre Boucher.

En taille indirecte à l’acide

Avec ce procédé, la plaque de métal est “mordue” par un acide plutôt que taillée par un outil.
Les principales techniques de gravure à l’acide sont :

L’eau-forte

La plaque est recouverte de vernis dur. L’artiste dessine légèrement sur le vernis avec une pointe puis la plaque est plongée dans l’acide et les endroits découverts par la pointe sont mordus plus ou moins profondément selon le temps d’immersion.
Cette méthode qui permet de nombreuses informations graphiques est très utilisée au XVIIIème.

Le vernis mou

La plaque de cuivre est recouverte d’un vernis tendre. L’artiste place dessus une feuille de papier ou de la toile fine sur laquelle il dessine en pressant fortement avec le crayon. Le vernis frais colle alors sur l’envers de la feuille et se détache du cuivre. Les traits ainsi dénudé sont mordus par l’acide.
Apparu à la fin du XVIIIème en même temps que la manière crayon pour reproduire des dessins, il resurgit un siècle plus tard avec les expérimentations des graveurs impressionnistes. Ce procédé est souvent combiné avec d’autres techniques.

L’aquatinte

C’est une technique dérivée de l’eau forte. Elle permet d’obtenir une surface composée de grains plutôt que de traits. La plaque de cuivre est recouverte d’un grainage résineux. La plaque est ensuite chauffée, la poudre du grainage fond et adhère à la surface en formant un réseau de petits grains autour desquels l’acide pourra creuser de manière plus ou moins profonde selon l’effet désiré.
A l’impression, cela donne une surface formée de petits points. Inventée au XVIIIème siècle, cette technique n’a jamais cessé d’être utilisée, souvent en complément de l’eau-forte.

L'impression A PLAT

La composition “ à plat” est non pas gravée mais dessinée sur un support.

La lithographie

Ce procédé consiste à dessiner directement avec un corps gras sur une pierre calcaire.
Grâce à ses propriétés chimiques, la pierre qui a été traitée par un mordant fixe le dessin.
A l’encrage, la pierre humidifiée refusera l’encre aux endroits intacts et sera “amoureuse” d’encre aux endroits dessinés. Il faut encrer la pierre pour chaque épreuve et préparer autant de pierres que de couleurs.
Inventée en 1798 à Munich par Aloïs Senefelder, cette technique constitua une véritable révolution dans le monde de l’imprimerie.
Très utilisée par de grands artistes, elle sert également à l’impression publicitaire de masse ( affiches, étiquettes, etc )

Le pochoir

C’est l’une des plus anciennes techniques de mise en couleur de gravures puisqu’elle remonte à l’antiquité romaine. Le pochoir est un masque découpé dans une feuille de zinc ( en carton huilé au Moyen-Age ) appliqué sur l’épreuve pour y déposer la couleur ( aquarelle, lavis ou gouache ) à l’aide d’une brosse ronde en soie de porc. On découpe autant de pochoirs que de nuances dans chaque couleur. La réalisation d’un pochoir nécessite généralement l’utilisation de 25 à 50 pochoirs.

La sérigraphie

La sérigraphie est l’un des plus récents procédés d’estampe. C’est un développement des procédés au pochoir. Un écran de soie tendu sur un cadre est utilisé. Certaines parties de l’écran sont “réservées” avec un vernis ou un film plastique afin que l’encre ne puisse pas traverser. Les parties de l’écran correspondant au dessin sont laissées libres afin de permettre l’application de l’encre. A chaque couleur correspond un écran différent.